Le chef du Polisario renvoie l’ascenseur au colonel Kadhafi
Alors que les défections de militaires et d’hommes politiques libyens se sont multipliées depuis le soulèvement populaire contre le régime du clan Kadhafi, des milliers de soldats de fortune apparaissent comme le dernier rempart d’un régime aux abois.
Pour mater l’insurrection et protéger ses derniers bastions et forteresses échappant encore au contrôle des insurgés, le colonel Kadhafi fait de plus en plus appel à des mercenaires, recrutés dans les rangs des Touaregs et des populations nomades originaires du Niger, du Mali et de l’Algérie, installées depuis les années 80 dans le Sud libyen à Sebha et Oubari.
Mais comme ces derniers sont peu entraînés au maniement des armes, le colonel Kadhafi s’est adressé directement à Mohamed Abdelaziz, chef du front Polisario. Sachant que ce dernier lui était redevable pour l’avoir aidé dans le milieu des années 70, à monter financièrement et matériellement, une armée équipée clé en main, ne pouvait leur refuser un tel renfort en hommes.
Aussitôt dit, aussitôt fait, plus de deux cents sahraouis bien entraînés aux techniques de la guérilla, et ce n’est qu’un premier contingent d’autres suivront, ont été ainsi sélectionnés et armés de kalachnikov, de grenades et de lance-roquettes, ont pris la route à bord de 4X4, à la fin de la semaine dernière, en direction de la Libye. Les mercenaires ont emprunté, selon nos contacts à Tindouf, le chemin qui conduit à la localité frontalière libyenne Al Atchane, d’où ils devaient être escortés par des militaires libyens jusqu’à Tripoli, en passant par la ville de Sabha.
Ces informations ont été confirmées depuis Washington par le Dr Ali Al Arichi, secrétaire (ministre) démissionnaire aux affaires des expatriés et de l’émigration du comité populaire général. Al Arichi a été d’ailleurs, invité par Global Media Center à animer vendredi 4 mars au club de la presse, une conférence de presse dédié à la question des mercenaires et la situation en Libye.
Par l’envoi de ces renforts à son ex-allié Kadhafi, Mohamed Abdelaziz aura fait d’une pierre deux coups. Le mouvement séparatiste se trouve depuis 1991, date d’instauration du cessez-le-feu au Sahara Occidental, durement confronté à un chômage croissant parmi les milliers de jeunes sahraouis. Cette transaction constitue donc, pour le Polisario une occasion en or pour d’une part occuper une partie des jeunes chômeurs tout en se débarrassant des éléments indésirables et en profitant des largesses de Kadhafi pour renflouer les caisses du Polisario et d’autre part décongestionner la tension qui ne cesse de monter dans les camps de Tindouf.
Abdelaziz aurait même reçu, selon un membre influent de la direction du front, une importante somme d’argent en devises du colonel Kadhafi qui aurait été versée dans un compte secret que détient le chef du Polisario dans un paradis fiscal aux Caraïbes. Kadhafi lui a aussi promis un gros lot d’armements.
Un soutien dont Mohamed Abdelaziz a grandement besoin pour qu’il puisse lui aussi, mater le mouvement de rébellion qui se prépare contre sa direction dans les camps de Tindouf.
Un appel a été lancé pour une manifestation de masse le samedi 5 Mars dans les camps, contre les dirigeants corrompus du front et la dégradation des conditions de vie des sahraouis à Tindouf. Affaire à suivre…
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