Otages : le Polisario sur la sellette

Toujours aucune nouvelle des trois otages occidentaux enlevés dans les camps du Polisario en Algérie. Un rapt qui confirme l’infiltration du Polisario par AQMI, mais qui révèle au grand jour d’autres pratiques courantes. Il s’agit en particulier des détournements de l’aide humanitaire internationale envoyée aux camps de Tindouf. Le Polisario qui dispute au Maroc la région du Sahara Occidental avec le soutien de l’Algérie, a été plusieurs fois épinglé pour le détournement de l’aide internationale. Après le rapt de dimanche, des sources très bien informées dans les camps de Tindouf ont assuré que les trois travailleurs humanitaires enlevés avaient commencé à surveiller de plus près l’aide internationale envoyée à la population sahraouie. Ils étaient devenus plus pointilleux après avoir eu des doutes sur la destination finale de l’aide humanitaire, dont une partie se retrouve sur les marchés des pays de la région.

Une hypothèse qui pourrait expliquer que le rapt n’ait pas encore été revendiqué par les groupes jihadistes d’Aqmi. Dans ce cas, l’enlèvement des deux espagnols et de l’italienne pourrait avoir été le fait du Polisario lui-même, avec l’aide de trafiquants opérant dans la zone sahélo-saharienne, selon les mêmes sources. Mais en l’absence d’informations sur le lieu de détention des otages et l’identité des ravisseurs, les pays concernés observent la plus grande prudence. Madrid a ainsi conseillé à ses ressortissants de reporter leurs voyages dans la région de Tindouf où les conditions de sécurité ne sont plus assurées. Trinidad Jiménez, la chef de la diplomatie espagnole a assuré que l’Espagne a « demandé aux Nations Unies d’envoyer une mission en Algérie pour évaluer la situation sécuritaire dans les camps de Tindouf ». L’ONU aussi est très préoccupée. Signe de cette inquiétude, le secrétaire général adjoint, Gregory Starr a, aussitôt après l’annonce du rapt dimanche dernier, décrété un blocus sécuritaire autour des camps de Tindouf. Gregory Starr a ordonné de relever l’alerte à son niveau maximum de 4 degrés dans la zone de Tindouf, de suspendre toutes les patrouilles de nuit et les activités de la MINURSO et d’observer un « couvre feu strict du crépuscule à l’aube ».