Le Polisario cherche à créer des bases arrière au Sahel

Des éléments du Front Polisario multiplient ces derniers temps des intrusions répétées et inexpliquées en territoire malien et mauritanien. Après l’infiltration, à la mi-décembre, d’une milice armée du Polisario au nord du Mali, où elle a tué un Malien et enlevé plusieurs autres, les autorités maliennes viennent d’annoncer le refoulement de huit Sahraouis du Polisario. Ces derniers qui venaient du Niger, tentaient de s’infiltrer au Mali dont les autorités les soupçonnent de vouloir faire de la propagande au profit de leur mouvement séparatiste. Les autorités maliennes sont devenues très méfiantes à l’égard des éléments venant des camps sahraouis de Tindouf. Leurs connexions avec les groupes terroristes d’Aqmi au Sahel ont nourri les soupçons de Bamako. Ces sentiments de suspicion ont été alimentés par la récente intrusion d’autres Sahraouis armés dans la région de Tombouctou (nord du Mali), où ils ont tué le dénommé Mohamed Yeyia Ould Hamed, et capturé au moins trois autres Maliens qu’ils ont acheminés vers les camps de Tindouf.

La direction du Polisario qui brandit le droit de poursuite, prétend que ces Maliens auraient participé le 23 octobre dernier à l’enlèvement des trois humanitaires européens (deux espagnols et une Italienne). Ces deniers ont été kidnappés par des inconnus dans le camp de Hassi Rabuni qui abrite le QG du Polisario, près de Tindouf au sud-ouest algérien. Les deux intrusions au Mali interviennent à la suite de l’arrestation le 6 novembre à Nouadhibou (nord-ouest de la Mauritanie), de deux éléments du Polisario soupçonnés de faire partie du groupe des ravisseurs des trois Occidentaux. Ces opérations avaient conduit les spécialistes à avancer l’hypothèse que le Polisario sous-traitait avec Aqmi et chercherait à implanter, pour son propre compte, des bases arrière au Sahel, où prolifèrent tous genres de trafics (drogue, armes, immigration clandestine, kidnapping d’Occidentaux).