Sahara -ONU: Pourquoi le chef du Polisario craint de se rendre à Berlin

Horst Köhler interviendra-t-il pour que le chef du Polisario dispose d’un sauf-conduit lui permettant de se rendre à Berlin, sans qu’il ne soit rattrapé en Europe par la justice espagnole qui le poursuit pour de graves crimes de torture et de disparitions forcées?

L’ancien président allemand, devenu médiateur de l’ONU dans l’affaire du Sahara, s’apprête en effet à lancer des pourparlers à Berlin fin janvier. Des contacts auxquels ont été conviés séparément le Maroc, l’Algérie, le Polisario et la Mauritanie. Mais l’éventuel déplacement dans la capitale allemande de Brahim Ghali pose problème.

Et pour cause, le chef du front séparatiste est poursuivi par la plus haute juridiction pénale espagnole, l’Audience Nationale espagnole, pour des charges très lourdes. Depuis 2008, il est poursuivi en Espagne pour torture, disparitions forcées et graves violations des droits de l’Homme dans les camps sahraouis de Tindouf, en Algérie.

Si le Polisario exulte à l’idée d’une reprise des négociations sur le conflit du Sahara occidental sous la houlette de Horst Köhler, le mouvement séparatiste soutenu par l’Algérie considère, en revanche, avec la plus grande circonspection le déplacement de Brahim Ghali en Europe. Le chef du Polisario qui est sous le coup de poursuites de la justice espagnole, n’a plus foulé le sol européen depuis 2008.

A cette date, des victimes sahraouies qui avaient miraculeusement échappé à la mort dans les camps de Tindouf, portent plainte contre Brahim Ghali, alors représentant du Polisario à Madrid. Le juge espagnol Pablo Ruz entend les victimes et décide, sur la base de l’avis des médecins qui ont confirmé les traces de sévices, d’entendre Brahim Ghali. Les accusations contre ce dernier remontaient à l’époque où il était un influent chef du front à Tindouf, entre 1976 et 1989.

Convoqué par la justice espagnole, Brahim Ghali ne se présente pas devant l’Audience nationale espagnole qui, en vertu de la loi de la compétence universelle, est habilitée à statuer sur des crimes commis même en dehors du territoire espagnol. C’est finalement à l’issue d’une véritable opération d’exfiltration que Brahim Ghali atterrit à Alger où il occupe, à partir de la même année 2008, le poste d’ambassadeur en Algérie. Un poste qu’il gardera jusqu’à ce qu’il soit porté par les généraux algériens à la tête du Polisario après la mort de Mohammed Abdelaziz, en 2016.

La question qui se pose à présent au médiateur Horst Köhler, est de trouver comment faire entrer Brahim Ghali sur le sol européen, alors que ce dernier demande des garanties pour ne pas être cueilli au premier poste-frontière européen.

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